La mise en place d’une politique énergétique et des actions qui la déclinent s’appuie de façon directe sur le suivi d’indicateurs de réalisations ou de résultats : nombre de maisons rénovées, MWh économisés. Ce premier niveau d’évaluation est souvent déployé concomitamment au plan d’actions et est naturel pour les maitres d’ouvrages de la politique en question.
Pourtant, force est de constater que cette approche restrictive porte de nombreuses limites. D’une part, une évaluation sur le seul critère des économies d’énergie peut s’avérer contre-productif, d’autre part, les politiques publiques de l’énergie suivent en général des objectifs multiples que cet indicateur ne reflète pas.
Une illustration de ces limites est visible dans cet article des Echos sur les subventions environnementales. Chaque ligne de l’article serait discutable mais nous retiendrons deux assertions :
- « Au lieu d’acheter un véhicule électrique qui risque d’être utilisé intensivement puisque le plein d’électricité est moins cher, on peut réduire le kilométrage parcouru »
- « le coût budgétaire des bonus dépasse largement les recettes des malus » pour le bonus-malus, la suite de l’article critiquant l’impact sur le parc automobile global croissant et les émissions liées aussi.
La première montre la limite d’un indicateur « kWh » comme unique référence : en s’appuyant sur cet indicateur, on met tous les leviers d’action au même niveau et le seul critère de sélection est alors l’efficience « combien d’euros pour un MWh en moins ? ». La logique peut ensuite se dérouler jusqu’à conclure que le plus efficient est la loi et qu’il suffit d’interdire les véhicules les plus consommateurs, de réduire les vitesses… Les scénarios testés par l’ADEME montrent l’efficacité de cette approche, mais elle n’est pas suffisante pour atteindre nos objectifs climatiques.
La deuxième conclut que le bonus-malus est un mauvais dispositif pervers. La conclusion est étonnante puisqu’elle aurait aussi pu être que le dispositif devait être mieux équilibré entre bonus et malus. Elle masque aussi que le bonus-malus n’est pas qu’une politique environnementale visant à accélérer le renouvellement naturel du parc automobile, mais surtout à soutenir l’emploi de ces filières. Juger cette politique sur des critères environnementaux (ici les émissions de CO2) est donc passer à côté de son fondement, de son objectif politique.
Il est toujours intéressant de construire une politique énergétique en rapprochant les objectifs visibles généralement exprimés (climat, facture énergétique) et les objectifs sous-jacents moins explicites mais qui de fait, justifient la mise en place de certaines actions : Cohésion sociale, emploi local, développement touristique…
A garder en tête pour les évaluations à mi-parcours des PCAET, pour qu’elles ne se limitent pas à une simple revue de tableau de bord.
A noter la réflexion autour des nouveaux territoires lors des Journées Françaises de l’Evaluation, animée par les amis de Consortium consultants.