Laudato Si, la lettre du Pape aux pollueurs et aux élus

Le 18 juin est parue l’en­cy­clique « Laudato Si » (Loué sois-tu) sur la sauve­garde de la maison commune, rédi­gée par le Pape François. Son titre reprend la première phrase du Cantique des créa­tures, attri­bué à Saint François d’As­sise. Insti­tué patron des écolo­gistes depuis 1979, il est présenté dans l’in­tro­duc­tion du texte comme « l’exemple par excel­lence de la protec­tion de ce qui est faible et d’une écolo­gie inté­grale ». L’éco­lo­gie inté­grale est décrite comme une écolo­gie à laquelle les valeurs humaines donnent une dimen­sion spiri­tuelle.

Une ency­clique très atten­due

Les ency­cliques sont des circu­laires vouées à l’en­sei­gne­ment Celle-ci était très atten­due par son thème actuel en cette période précé­dant la Confé­rence Inter­na­tio­nale sur le Climat de Paris. Son contenu, rédigé à la première personne par François, a été préparé et docu­menté en consul­tant plusieurs experts dont un clima­to­logue alle­mand. Un repré­sen­tant ortho­doxe, asso­cié à la rédac­tion, en élar­git l’au­dience. Celle-ci est l’hu­ma­nité entière, le Pape semblant s’ex­cu­ser d’avoir produit un texte aux fonde­ments reli­gieux. « Pourquoi inclure dans ce texte, adressé à toutes les personnes de bonne volonté, un chapitre qui fait réfé­rence à des convic­tions de foi ? » demande-t-il en entame du chapitre 2 consa­cré à l’éclai­rage biblique de l’éco­lo­gie.

Décrois­sance : un contenu sans langue de bois.

Mono­cul­ture, agri­cul­ture produc­ti­viste et réno­va­tion des bâti­ments, le diagnos­tic dressé en première partie de l’en­cy­clique se fait large et péda­go­gique. Décrois­sance, consu­mé­risme, immé­dia­teté poli­tique, le voca­bu­laire utilisé est sans fard. Le lien avec les pays du Sud, plus vulné­rables, est systé­ma­tique.

Parmi les solu­tions, le texte pointe les possi­bi­li­tés ouvertes par les négo­cia­tions inter­na­tio­nales avec les précé­dentes négo­cia­tions réus­sies de la Conven­tion de Bâle sur les déchets dange­reux ou celle de Vienne sur la protec­tion de la couche d’ozone. Il évoque pêle-mêle les crédits-carbone (contre), le système de gestion des océans (trop faible), les coopé­ra­tives ENR (à promou­voir), l’éco­no­mie circu­laire (loin d’exis­ter) ou les études d’im­pact…

Des réac­tions enthou­siastes ou embar­ras­sées

« Beau­coup de ceux qui détiennent plus de ressources et de pouvoir écono­mique ou poli­tique semblent surtout s’éver­tuer à masquer les problèmes ou à occul­ter les symp­tômes ». L’obs­truc­tion poli­tique et le climato-scep­ti­cisme sont fusti­gées à plusieurs endroits du texte. Les conser­va­teurs améri­cains, le candi­dat répu­bli­cain Jeb Bush en tête, ont réagi avant même la publi­ca­tion du texte, invi­tant poli­ment le Pape à se canton­ner au domaine spiri­tuel.

Le soutien le plus enthou­siaste est venu des rangs écolo­gistes parmi lesquels José Bové, qui affirme dans un entre­tien à l’heb­do­ma­daire Pèle­rin (22/6/2015) : « Le pape est en train de renver­ser les tables dans le Temple.  Il balaye les fonde­ments du monde actuel, qui n’est plus tenable. » Les points qui pour­raient les sépa­rer, comme l’op­po­si­tion aux poli­tiques de régu­la­tion démo­gra­phique, au bio centrisme qui ferait de l’homme un animal comme un autre, ou l’ab­sence de posi­tion claire sur les OGM sont géné­ra­le­ment occul­tés dans leurs commen­taires.

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